Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/291

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ture. — La prudence est la plus sûre de toutes les murailles ; elle ne peut ni crouler, ni être livrée par trahison. — Il faut se faire de ses propres pensées un boulevard imprenable.

Antisthène enseignait dans le Cynosarge, gymnase peu éloigné des portes de la ville, et auquel, suivant quelques-uns, la secte cynique doit son nom. On l’avait lui-même surnommé Aplocyon[1]. Il est le premier, au rapport de Dioclès, qui se soit contenté pour tout vêtement de son manteau mis en double, et qui ait adopté le bâton et la besace. Néanthe dit aussi qu’il s’est le premier réduit au manteau pour tout vêtement ; mais Sosicrate prétend, au troisième livre des Successions, que Diodore d’Aspendos est le premier qui ait laissé croître sa barbe et qui ait pris le bâton et la besace.

Antisthène est le seul des philosophes socratiques qu’ait loué Théophraste ; il vante son habileté et le charme irrésistible de sa parole, témoignage qui est confirmé d’ailleurs par les écrits d’Antisthène et par le banquet de Xénophon. Il passe pour avoir inauguré l’austère philosophie stoïcienne que l’épigrammatiste Athénée a célébrée dans ces vers :

Illustres philosophes stoïciens, vous qui avez gravé dans vos livres sacrés les plus pures maximes, vous avez raison de dire que la vertu est le seul bien de l’âme ; car elle est la seule gardienne de la vie des hommes et des cités. S’il en est d’autres qui prennent pour fin les plaisirs du corps, une seule des filles de Mémoire a pu le leur persuader.

Antisthène a préparé les voies à Diogène pour son système de l’impassibilité ; à Cratès pour celui de la continence ; à Zénon pour celui de la patience ; c’est

  1. Vrai ou simple chien.