Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/341

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naufrage au Pirée ; âgé alors de trente ans, il monta à Athènes, et s’assit près de la boutique d’un libraire auquel il entendit lire le second livre des mémoires de Xénophon. Frappé d’admiration, il lui demanda où demeuraient les hommes qui enseignaient de pareilles choses. Cratès passait fort à propos en ce moment ; le libraire le lui montra, en disant : « Suis celui-là ; » et à partir de ce moment, il devint disciple de Cratès. Cependant, quelque doué d’une grande aptitude philosophique, il ne put jamais se faire à l’impudence des cyniques. Cratès, pour le guérir de cette fausse honte, lui donna un jour un pot de lentilles à porter à travers le Céramique ; mais bientôt, s’apercevant qu’il rougissait et se cachait le visage, il brisa le pot d’un coup de bâton et lui répandit toutes les lentilles sur les jambes ; Zénon prit aussitôt la fuite, poursuivi par les sarcasmes de Cratès qui lui criait : « Pourquoi te sauves-tu, petit Phénicien ? on ne t’a fait aucun mal. »

Il suivit donc quelque temps les leçons de Cratès, et composa à cette époque sa République, ce qui faisait dire ironiquement qu’il l’avait composée sur la queue du chien[1]. Indépendamment de cet ouvrage, il a laissé les traités suivants : sur la Vie conforme à la Nature ; des Inclinations, ou de la Nature de l’Homme ; des Passions ; du Devoir ; de la Loi ; de l’Éducation des Grecs ; de la Vue ; de l’Univers ; des Signes ; Doctrine de Pythagore ; Théorie universelle ; de la Diction ; Problèmes sur Homère, cinq Livres ; de l’Intelligence des Poëtes. À ces divers traités, il faut joindre ceux intitulés : Solutions sur les Arts ; Arguments, en deux livres ; Commentaires ; Morale de Cratès. Tels sont les ouvrages de Zénon.

  1. C’est-à-dire pendant qu’il fréquentait les cyniques.