Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/343

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qui étaient établis à Sidon s’empressèrent de suivre cet exemple.

Antigone avait pour Zénon une estime toute particulière, et allait l’entendre quand il venait à Athènes. Il le pria même avec instance de venir à sa cour ; mais Zénon, déjà vieux, ne put s’y résoudre ; il lui envoya à sa place un de ses amis, Persée de Citium, fils de Démétrius, lequel florissait vers la cent trentième olympiade. Voici la lettre d’Antigone, telle que nous l’a conservée Apollonius de Tyr dans le livre sur Zénon :


LE ROI ANTIGONE AU PHILOSOPHE ZÉNON, SALUT.


Je sais que du côté de la fortune et de la gloire je te suis supérieur ; mais tu l’emportes sur moi par la raison, la science et tout ce qui fait le bonheur de la vie. Ces motifs m’ont déterminé à te prier de venir à ma cour, et je ne doute pas que tu ne te rendes à mon désir. Fais donc tout ce qui dépendra de toi pour venir me trouver, et songe que tes leçons ne s’adresseront pas à moi seul, mais à tous les Macédoniens ensemble ; car instruire le roi de Macédoine et le diriger dans le sentier de la vertu, c’est en même temps mettre dans la voie de l’honnêteté tous ceux qui lui sont soumis : tel est le souverain, tels sont ordinairement les sujets.


Voici la réponse de Zénon :


ZÉNON AU ROI ANTIGONE, SALUT.


Je ne puis qu’approuver ton ardeur pour l’étude, d’autant plus que tu négliges ces connaissances vulgaires qui ne sont bonnes qu’à corrompre les mœurs, pour t’attacher à la vraie et solide instruction, celle qui a l’utilité pour but, à la philosophie. En dédaignant cette volupté si vantée qui énerve l’âme de tant de jeunes gens, tu montres que chez toi l’amour du bien n’est pas seulement un don de la nature, mais le fruit d’un libre choix. Un bon naturel, convenablement cultivé, arrive aisément, avec l’aide d’un maître vigilant et actif, à la