Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/442

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laine, car l’usage du lin n’avait pas encore pénétré dans les lieux qu’il habitait. Jamais on ne le vit se livrer à la bonne chère ou à l’amour, ni s’abandonner à l’ivresse. Il s’interdisait sévèrement la raillerie et toute espèce de plaisanteries, de sarcasmes ou de propos blessants. Jamais dans la colère il ne frappa personne, homme libre ou esclave. Pour dire : donner des conseils, il employait l’expression faire la cigogne. Il avait recours à la divination, mais seulement à celle qui s’appuie sur le chant ou le vol des oiseaux, jamais à celle qui se fait par le feu, excepté pourtant celle qui consiste à brûler de l’encens. Jamais il ne sacrifiait aucun être animé. Cependant quelques-uns prétendent qu’il offrait des coqs et des chevreaux, de ceux qu’on appelle chevreaux de lait ou tendrons, mais jamais d’agneaux.

Aristoxène dit qu’il permettait de manger toute espèce d’animaux, à l’exception cependant du bœuf de labour et du bélier. Le même auteur ajoute, comme nous l’avons déjà dit, qu’il avait emprunté ses doctrines à Thémistocléa, prêtresse de Delphes. Hiéronymus raconte qu’étant descendu aux enfers, il y vit l’ombre d’Hésiode attachée à une colonne d’airain et grinçant les dents, et celle d’Homère pendue à un arbre et environnée de serpents, en expiation de ce qu’ils avaient dit l’un et l’autre sur le compte des dieux ; qu’il fut également témoin des châtiments infligés à ceux qui avaient refusé à leurs femmes le devoir conjugal, et que cette descente aux enfers fut la cause des honneurs que lui rendirent les Crotoniates.

Aristippe de Cyrène prétend, dans le traité sur les Physiologues, qu’il fut surnommé Pythagore parce qu’il révélait la vérité à l’égal d’Apollon Pythien[1]. On

  1. De Πύθων et ἀγοράομαι.