Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/551

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[Mêmes principes dans les livres un, quatorze et quinze du traité de la Nature, et dans le Grand Abrégé.]

Parmi les corps, les uns sont des composés, les autres sont les éléments des composés. Ces derniers sont insécables et à l’abri de toute transformation ; – autrement tout se résoudrait dans le non-être. – Ils persistent par leur force propre au milieu de la dissolution des complexes, étant absolument pleins, et, à ce titre, n’offrant aucune prise à la destruction. Il faut donc nécessairement que les principes des choses soient des éléments corporels insécables.

L’univers est infini ; car ce qui est fini a une extrémité, et qui dit extrémité dit relation[1] ; par suite, ce qui n’a pas d’extrémité n’a pas de fin, et ce qui n’a pas de fin est infini et non fini. L’univers est infini, et sous le rapport de la quantité des corps, et sous celui de l’étendue du vide ; car si le vide était infini, les corps étant finis, les corps ne pourraient demeurer en aucun lieu ; ils seraient transportés, disséminés à travers le vide infini, faute de pouvoir s’affermir, se contenir l’un l’autre par des chocs mutuels. Si d’un autre côté le vide était fini, les corps étant infinis, ceux-ci ne pourraient y être contenus.

De plus, les atomes qui forment les corps, ces éléments pleins dont viennent et dans lesquels se résolvent les complexes, affectent une incalculable variété de formes ; car les différences si nombreuses que présentent les corps ne peuvent pas résulter de l’agrégation des mêmes formes. Chaque variété de formes comprend une infinité d’atomes ; mais il n’y a pas une infinité de variétés ; seulement le nombre en est incalculable.

[Il ajoute plus bas que la divisibilité à l’infini est impossible, car, dit-il, il n’y a que les qualités[2] qui changent, — à moins ; que de division en division on ne veuille aller absolument jusqu’à l’infinie petitesse[3].]

  1. Il faut ajouter pour compléter le raisonnement : l’univers ne soutient de relation avec rien, puisqu’il est la totalité des choses ; il n’a donc pas d’extrémité.
  2. Il faut sous-entendre : « Mais les atomes ne changent pas ; car s’ils changeaient, ils seraient divisibles. » Je rétablis pour toute cette phrase le texte des manuscrits : Τὴν τομὴν τυγχάνειν. Λέγει δέ… κ. τ. λ.
  3. Il établit plus bas que les atomes ne sont pas infiniment petits, dans le sens absolu du mot.