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Les atomes sont dans un mouvement continuel.

[Il dit plus loin qu’ils se meuvent avec une égale vitesse de toute éternité, le vide n’offrant pas plus de résistance aux plus légers qu’aux plus lourds[1].]

Parmi les atomes, ceux-ci sont séparés par de grandes distances ; ceux-là sont rapprochés dans la formation d’agrégats, ou enveloppés par d’autres qui s’agrégent ; mais, dans ce dernier cas, ils n’en conservent pas moins leur mouvement propre, grâce à la nature du vide qui les sépare les uns des autres, et ne leur offre aucune résistance. La solidité qu’ils possèdent fait qu’en s’entre-choquant ils réagissent les uns sur les autres, jusqu’à ce qu’enfin ces chocs répétés amènent la dissolution de l’agrégat. À tout cela il n’y a point de cause extérieure, les atomes et le vide étant les seules causes.

[Il dit plus bas que les atomes n’ont aucune qualité propre, excepté la forme, l’étendue et la pesanteur. Quant à la couleur, il dit, au douzième livre des Principes, qu’elle varie selon la position des atomes. Du reste, il n’attribue pas aux atomes toute espèce de dimension.]

Jamais, il est vrai, aucun atome n’a été perçu par les sens ; mais si l’on retient tout ce que j’en dis ici, le mot seul offrira à la pensée une image suffisante de la nature des choses.

Il y a une infinité de mondes, soit qu’ils ressemblent à celui-ci, soit qu’ils en diffèrent ; car les atomes étant en nombre infini, comme je l’ai établi plus haut, se portent nécessairement à des distances immenses ; et d’ailleurs, cette multitude infinie d’atomes dont se forme le monde ou par lesquels il est produit, ne pourrait être absorbée tout entière par un seul monde, ni même par des mondes en nombre fini, qu’on les suppose semblables au nôtre ou différents. Il n’y a donc rien qui s’oppose à l’infinité des mondes.

De plus, il existe des images, semblables pour la forme aux corps solides que nous voyons, mais qui en diffèrent beaucoup par la ténuité de leur substance. En effet, il n’est pas impossible qu’il y ait dans l’espace des espèces de sécrétions de ce genre, une aptitude à former des surfaces sans profondeur et d’une extrême ténuité, ou bien que des solides il émane des particules qui conservent la continuité, la disposition et le mouvement qu’elles avaient dans le corps. Je donne le nom

  1. Je lis avec les manuscrits de la Bibl. royale, τὴν εἵξιν.