Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/99

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Macédoine, de Scopa de Cranon et d’Euryloque de Larisse ; il ne voulut ni accepter leurs présents ni aller les visiter. Sa tempérance était telle que la peste s’étant souvent déclarée à Athènes pendant qu’il y était, il fut seul à l’abri du fléau. Aristote dit qu’il eut deux femmes : la première Xanthippe, dont il eut Lamproclès ; l’autre Myrton, fille d’Aristide le Juste[1], qu’il prit sans dot et de laquelle il eut Sophronisque et Ménéxène. Quelques-uns cependant prétendent que Myrton fut la première. D’un autre côté Satyrus, Hieronymus de Rhodes et plusieurs autres prétendent qu’il les eut toutes les deux à la fois. Ils disent que la disette d’hommes et la nécessité de repeupler la ville engagèrent les Athéniens à rendre un décret qui autorisait chaque citoyen à prendre, indépendamment de son épouse légitime, une autre femme et à avoir d’elle des enfants ; Socrate, suivant eux, aurait profité de ce décret.

Il était indifférent à la raillerie, affectait une excessive frugalité et n’exigeait aucun salaire pour ses leçons. Il disait que ceux qui mangent avec le plus d’appétit sont ceux qui ont le moins besoin de mets recherchés ; et que ceux qui boivent avec le plus d’avidité, sont ceux qui savent le moins supporter la privation de la boisson. « On se rapproche d’autant plus des dieux, disait-il encore, qu’on a moins de besoins. » L’élévation de son caractère est attestée même par les poètes comiques, qui ne voient pas que leurs railleries sont pour lui autant d’éloges. Voici les paroles d’Aristophane :

Ô toi, qui as si sagement embrassé l’étude sublime de la

  1. Ce n’est pas Aristide le Juste, comme le remarque avec raison Athénée (Banquet des S., XIII ) ; mais le troisième descendant du Juste.