Les vicissitudes politiques n'altérèrent en rien son impartialité. Ami de Pertinax, il eut tout à redouter sous son successeur; mais son courage ne se démentit pas. « Sur le soir, dit-il, Julianus se dirigea vers le Forum et vers le sénat, escorté d'un grand nombre de prétoriens, enseignes déployées, comme s'il eût marché au combat: il voulait effrayer le sénat et le peuple, pour les faire plier sous sa loi. Les prétoriens l'élevaient jusqu'aux nues, et lui donnaient le nom de Commode. A cette nouvelle, les sénateurs, particulièrement ceux qui avaient été les amis de Pertinax, craignirent tout de la part de Julianus et des soldats. J'étais de ce nombre : outre les honneurs que j'avais déjà obtenus, il m'avait désigné préteur. De plus, en plaidant au barreau, j'avais souvent dévoilé les méfaits de Julianus. Cependant, comme il nous parut dangereux d'éveiller les soupçons en restant chez nous, nous sortîmes ; non pas à la hâte, et prêts à subir le joug , mais après avoir soupé. Nous fendîmes des flots de soldats pour pénétrer dans le sénat: là, nous entendîmes Julianus débiter une harangue digne de lui[1]. »
Mais, dira-t-on, si Dion s'est montré exact, impartial dans l'histoire de son temps, peut-on re
- ↑ Liv. LXXIII, 12.