Page:Dion Cassius - Histoire romaine, tome 1, 1889.djvu/41

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pouillons de tout artifice l'hypocrite résignation de Sénèque et la perfide flatterie de Néron ; ne serons-nous pas en droit de conclure que le ministre fit tout pour s'enrichir, et que le prince lui prodigua l'or, comme aux autres instruments de ses passions, jusqu'au moment où il l'accabla de sa haine ?

Dans Sénèque, le philosophe, l'instituteur du prince, l'homme d'État, étaient justiciables de l'histoire : Dion n'a fait que répéter un jugement rendu, cent ans avant lui, par des contemporains, et qui semble s'appuyer sur l'autorité du plus grave des historiens.

Les harangues lui ont aussi attiré de vives censures. Il serait superflu de discuter encore sur l'emploi des discours chez les historiens anciens. La question, souvent agitée, a été traitée tout récemment, avec autant de savoir que de finesse et de mesure, par M. E. Egger[1]. Dion, moins que tout autre, pouvait s'écarter des voies ouvertes par ses modèles. Plein de leurs ouvrages, formé dès sa jeunesse aux luttes du Forum, il porta dans ses travaux historiques le goût des compositions oratoires. Il n'est pas plus blâmable qu'Appien et Hérodien : ce qu'on peut lui reprocher, c'est l'abus des harangues, et quelquefois le

  1. Examen critique des historiens d’Auguste, Appendice I, p. 341-356.