Page:Dion Cassius - Histoire romaine, tome 1, 1889.djvu/40

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devint le précepteur de Néron : son caractère ne tarda pas à se montrer sous un jour peu favorable. Néron, monté sur le trône, dut prononcer l'éloge de son prédécesseur. Il eut recours à la plume de Sénèque, qui ne rougit pas, au risque de faire rire l'auditoire, de vanter la prudence et la pénétration de Claude[1]. En revanche, il publia bientôt après contre le défunt empereur l'Apokolokyntose, c'est-à-dire, la plus amère des satires. Esclave d'Agrippine pendant la vie de Claude, il se déclara son ennemi dès que Néron l'eut choisi pour ministre.

Le luxe et les richesses de Sénèque furent vivement attaqués par ses contemporains : ils l'accusaient de travailler sans cesse à accroître une fortune déjà excessive, d'effacer le prince par l'agrément de ses jardins et la magnificence de ses maisons de campagne[2]. Sénèque ne niait pas son opulence : pour toute apologie, il disait qu'il n'avait pas dû repousser les libéralités de son bienfaiteur[3]. Celui-ci, à son tour, répétait qu'il rougissait d'avoir donné beaucoup plus à des hommes qui étaient loin d'égaler son mérite[4]. Dé-

  1. Tacite. Annal., XIII, 3. Jusqu'à Néron , les empereurs avaient composé eux-mêmes ces sortes d'éloges.
  2. Tacite, Annal., XIV, 52.
  3. Una defensio occurrit, quod muneribus tuis obniti non debui: I. 1. 54.
  4. Licet multa videantur, plerique. baud quaquam artibus tuis pares, plura tenuerunt. Pudet referre libertinos qui ditiores spectantur; I. 1., 55.