Page:Dion Cassius - Histoire romaine, tome 1, 1889.djvu/43

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discours, et combien à la narration ? Appliqué à Hérodote, à Thucydide ou à Xénophon, à Tite-Live et à Tacite, ce calcul leur serait-il beaucoup plus favorable qu’à Dion ? Les harangues, entre les mains des historiens de l’antiquité, furent un ornement : plus d’un orateur moderne a vivifié son éloquence dans ces sources fécondes. À une époque de décadence, l’abus, comme il arrive, fut inséparable de l’imitation ; mais Appien et Dion, à quelque distance qu’ils soient de leurs modèles, offrent plus d’une page où le génie antique semble renaître dans un écho lointain, mais encore fidèle.

Le dernier reproche adressé à Dion, c’est une excessive crédulité pour les songes et les prodiges. Ici encore, il faut distinguer l’histoire des temps on il vécut et celle des siècles antérieurs. Pour les temps antérieurs, il a répété ce qu’il avait trouvé dans ses guides. Mais, sans remonter jusqu’à Polybe et jusqu’à Tite-Live, Plutarque, Tacite et Suétone n’ont pas cru compromettre la dignité, de l’histoire, en rapportant de nombreux prodiges. À toutes les époques de Rome, la science augurale, à laquelle se rattachaient les prodiges, occupa une grande place dans la religion[1]. Le vol des oi-

  1. Cf., à ce sujet, un passage classique de Cicéron, De Divinal., I, 2, cité dans les Êclaircissements, à la fin de ce volume, p. 340, not.sur le Fr. XXV.