Page:Dion Cassius - Histoire romaine, tome 1, 1889.djvu/47

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fricain, rappellent la manière de Thucydide[1] ; la description de la bataille de Pharsale ne déparerait pas Tite-Live, et le récit de la guerre de Sextus Pompée peut figurer à côté des plus belles pages de Polybe. Enfin, le tableau de l’élévation et de la chute de Séjan[2] présente plus d’un trait digne de Tacite. Une analyse rapide justifiera cette assertion.

Séjan, par une fatale ressemblance de mœurs et de caractère, a mérité l’affection de l’empereur : les dignités lui sont prodiguées, des statues s’élèvent en son honneur ; les personnages les plus illustres, les consuls eux-mêmes, vont à l’envi saluer, chaque matin, l’heureux favori. Bientôt l’ombrageux Tibère se sent effacé : dans son ministre il ne voit plus qu’un rival, dont la perte est sur-le-champ résolue ; mais il dissimule : il veut parer sa victime, pour rendre sa vengeance plus éclatante. Il nomme donc Séjan consul :

  1. L’imitation est souvent frappante. Dion, Fragment CLXIX, p. 270 de cette édition, dit, en parlant d’Annibal : Τό τε ἀεὶ παρὸν ἀσφαλῶς διετίθετο, ϰαὶ τὸ μέλλον ἰσχυρῶς· συμϐουλευτής τε τοῦ συνήθους ἰϰανώτατος ϰαὶ εἰϰαστὴς τοῦ παραδόξου ἀϰριϐέστατος γενόμενος· ἀφ’ ὦν τό τε ἥδη προσπῖπτόν οἱ ἑτοιμότατα ϰαὶ δ’ ἔτι τάχιστα ϰαθίστατο, ϰαὶ τὸ μέλλον πάλιν τοῖς λογισμοῖς προλαμϐανόντως ϰαὶ πρώην διεσϰόπει..

    Thucydide s’exprime ainsi au sujet de Thémistocle, 1, 138 : Τῶν τε παραχρῆμα δι’ ἐλαχίστης βουλῆς ϰράτιστος γνώμων ϰαὶ τῶν μελλόντων ἐπὶ πλεῖστον τοῦ γενησομένου ἄριστος εἰϰαστής. Καὶ ἃ μὲν μετὰ χεῖρας ἔχοι, ϰαὶ ἐξηγήσασθαι οἱός τε· ὦν δ’ ἄπειρος εἵη, ϰρῖναι ἱϰανῶς οὐϰ ἀπήλλαϰτο· τό τε ἄμεινον ἥ χεῖρον ἐν τῷ ἀφανεῖ ἕτι προεώρα μάλιστα

  2. Liv. LVII, 19-22, et liv. LVIII, 4-19.