il le proclame le confident de ses pensées ; dans ses lettres, dans ses entretiens, il ne l’appelle plus que son cher Séjan[1]. Le peuple se laisse prendre au piège : partout il érige au favori des statues d’airain, à côté de celles de l’empereur : sur les théâtres, deux sièges d’or sont destinés l’un au maître, l’autre au ministre, désormais unis dans le même culte[2] ; ou plutôt, Séjan est empereur la Rome et Tibère à Caprée[3]. On s’empresse autour de lui, on se bat à sa porte ; chacun craint de ne pas être vu, ou d’être vu 1e dernier. L’empereur, qui a tout observé, croit que le moment de frapper est enfin venu. Par une conduite capricieuse, il commence à détacher le peuple et le sénat de leur idole ; puis il fait répandre le bruit que Séjan va être investi de la puissance tribunitienne. En même temps, il envoie à Rome Naevius Sertorius Macron, nommé secrètement chef des cohortes prétoriennes, à la place de Séjan. Macron arrive, de nuit, dans la capitale de l’Empire, et se rend incontinent chez le consul Memmius Régulus, qu’il met dans la confidence des projets de l’empereur.