Page:Dion Cassius - Histoire romaine, tome 1, 1889.djvu/52

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

détails, la convenance et la mesure du style, placent cette narration à côté des plus belles pages des historiens de l'antiquité. A la vérité, Dion en a peu d'aussi remarquables ; mais, ne l'oublions pas, il vivait à une époque où la littérature grecque n'enfantait guère que des rhéteurs et des sophistes. Élevé à leur école, il sentit le besoin de se dépouiller de la rouille bithynienne[1], et de combattre l'influence de son siècle par l'étude des modèles. Il s'attacha donc à Thucydide, comme Appien à Xénophon : s'il ne put triompher des défauts de son éducation et de son temps, ses efforts ne furent pas toujours impuissants. De Thucydide à Dion, il y a toute la distance qui sépare le génie du talent de l'imitation ; mais quand il s'agit d'un écrivain qui jeta un dernier éclat sur une littérature dont l'antique splendeur ne devait renaître qu'à la voix des défenseurs du christianisme, ne faut-il pas tenir compte des circonstances qui agirent sur son esprit et sur son style ? À ce point de vue, Dion est

  1. Reimar, De Vita et Scriptis Cassii Dionis, § 19, I. I. p. 544 : Vereor ne doctiss. Jacobus Palmerius magis suspicionibus et conjecturis suis egisse videatur contra Dionem quam certis documentis, quando passim in Exercitationibus ad optimos auctores graecos vocabula quaedam Dionis sollicitat, velut manantia ex Hellenismo Asiatico, id est Hellenismo non optimo, nempe ex Nicaeorum suorum dialecto, ut Dio in iis βιθυνίζειν (bithunizein) potius quam ἀττιϰίζειν (attikizein) judicandus sit.

    Le célèbre éditeur fait allusion à ce passage de Dion, LV, 12 : Τῶν Ἑλλήνων δέ τινες ὧν τὰ βιϐλία ἐπὶ τῷ Ἀττιϰίζειν ἀναγινώσϰομεν ϰτλ.