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Page:Discours Noblanc 1939.djvu/10

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les prophèties qui ne se réalisaient pas, sur l’impossibilité où se trouvaient les astrologues de prévoir les événements de leur propre vie, sur le fait qu’ils se laissaient voler, assassiner même, sans jamais être avertis par les astres du grand danger qu’ils couraient. La Fontaine, Descartes, Voltaire, professaient également pour eux un profond mépris. La technique de leur divination est toujours la même : on reste généralement dans le vague, on ne prévoit que des événements éloignés ; si par hasard une prédiction se réalise, on mène une bruyante publicité autour de sa réussite extraordinaire et du mérite de son auteur. On a conservé les sujets classiques qui forment le fond des préoccupations de la masse : affaires, amour, santé, voyages ; on y en a ajouté un nouveau : le problèmes des gains à la Loterie Nationale. La profession de fakir s’est organisée et modernisée : publicité énorme, conseils d’administration, compétences techniques. On emprunte au dictionnaire scientifique des mots magiques, propres à convaincre la clientèle : pouvoir radioactif, bienfaisants effluves, puissance occulte, science des nombres, calculs approfondis. On exploite la notion d’onde qui a été si souvent mentionnée dans les récentes découvertes ; on utilise l’émerveillement provoqué par la télégraphie sans fil pour faire admettre les plus étranges suggestions. Malheureusement l’activité de l’astrologie « triste plaisanterie par son aspect pseudo-scientihque » est inlassable. Bon an, mal an, le fakirisme rapporte à la ville de Paris une quarantaine de millions, et l’une de ses organisations les plus célèbres a dépensé en 1935 sept cent mille francs de timbres-poste.

L’astrologie ne viendra donc pas enrichir le champ des applications pratiques de l’astronomie ; mais cette dernière a aussi le grand mérite de nous permettre d’accroître le domaine de la conquête de l’esprit sur la matière et cela non plus n’est pas négligeable ; mais, diront certains, jusqu’à quel point peut-on admettre la validité et la justesse des renseignements fournis par l’astrophysique ? Sans doute l’astronome doit-il se résigner à observer les mouvements des corps célestes, sans pouvoir les modifier ; mais en groupant un grand nombre d’observations les conclusions sont aussi significatives que si l’expérimentation avait été possible.

Gardons-nous donc de douter de la haute valeur de tous ces résultats ; le scepticisme est, hélas ! très bien porté ; dans certaines