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Page:Discours Noblanc 1939.djvu/6

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font équilibre, ce qui permettrait aux malheureux explorateurs de se promener à leur gré entre le plafond et le plancher de leur prison et de battre en se jouant tous les records dits « du monde » (quelle prétention !) de saut en hauteur ! Le terme de leur voyage ne coïncidera d’ailleurs pas avec la fin de leurs tourments : il leur taudra un jour songer à revenir sur notre planète, d’où la nécessité de se faire précéder par des usines automatiques chargées de les relancer.

Force nous est donc de nous rabattre sur le laboratoire de l’astronome, et là, installés dans un confortable fauteuil, nous demanderons au télescope de nous livrer les secrets de cet immense espace. Nous découvrirons sans peine nos voisines : Mars avec ses canaux dont la découverte avait favorisé l’éclosion de théories extraordinaires sur la possibilité d’une vie à la surface de cette planète ; hélas ! les fameux canaux attribués à l’activité industrieuse des Martiens n’étaient qu’une illusion d’optique ; Mercure, caillou encore brûlant ; Vénus, tout environnée de nuages ; Jupiter la géante ; Saturne et ses trois anneaux ; Uranus, Neptune, Pluton.

Quant à notre satellite, la Lune, que de légendes elle a suscitées : ne craignons pas qu’un jour elle ne nous tombe sur la tête ; si elle se rapproche trop de nous, elle se brisera et ses mor­ceaux constitueront autour de la Terre un gigantesque anneau. L’influence de la Lune sur la météorologie constitue un exemple de ces erreurs qui « courent les rues ». Par contre elle est bien la cause principale des marées et ce fameux rôle a été longtemps ignoré. Le trop fameux « bon sens » s’y opposait. Un célèbre critique littéraire n’écrivait-il pas voici quelques dizaines d’années dans l’un des plus sévères de nos quotidiens : « Les paysans bretons sont tellement ignorants qu’ils croient à l’influence de la Lune sur les marées ». Dans le même ordre d’idées, Hérodote raconte que des voyageurs ayant fait le tour de l’Afrique relataient des phénomènes incroyables : un voyageur tourné vers le Nord avait vu le soleil passer devant lui alors que le bon sens aurait exigé qu’il passât derrière. Hérodote conclut gravement : « On sait bien que les voyageurs aiment à raconter des histoires ».

En ce qui concerne la possibilité de la vie sur les planètes, on en est encore réduit à des hypothèses : s’il est certain que la plupart d’entre elles sont inhabitées, on ne peut être aussi affirmatif pour