Page:Discours sur la liberté des opinions religieuses (Rabaut Saint-Etienne, 1789).djvu/14

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vez pas l’être dans la vôtre, parce que nous ne le voulons pas.

Je ne vois aucune raison pour que la partie opprimée puisse lui répondre ; peut-être ne parleriez-vous pas ainsi, si vous étiez le plus petit nombre : votre volonté exclusive n’est que la loi du plus fort, et je ne suis point tenu d’y obéir ; cette loi du plus fort pouvoit exister sous l’empire despotique d’un seul, dont la volonté faisoit l’unique loi ; elle ne peut exister sous un peuple libre, et qui respecte les droits d’un chacun. — Non plus que vous, Messieurs, je ne sais ce que c’est qu’un droit exclusif en quoi que ce soit ; mais ce privilège exclusif, en fait d’opinion et de culte, me paroît le comble de l’injustice. Vous ne pouvez pas avoir un seul droit que je ne l’aie ; si vous l’exercez, je dois l’exercer ; si vous êtes libres, je dois être libre ; si vous pouvez professer votre culte, je dois pouvoir professer le mien ; si vous ne devez pas être inquiété, je ne dois pas être inquiété ; et si malgré l’évidence de ces principes, vous nous défendiez de professer notre culte, sous prétexte que vous êtes beaucoup et que nous sommes peu, ce ne seroit que la loi du plus fort, ce seroit une souveraine injustice, et vous pécheriez contre vos propres principes.

Vous ne vous exposerez donc pas, Messieurs,