Page:Discours sur la liberté des opinions religieuses (Rabaut Saint-Etienne, 1789).djvu/15

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au reproche de vous être contredit, dès les premiers momens de votre législature sacrée, d’avoir déclaré, il y a quelques jours, que les hommes sont égaux en droits, et de déclarer aujourd’hui qu’ils sont inégaux en droits ; d’avoir déclaré qu'ils sont libres de faire tout ce qui ne peut nuire à autrui, et de déclarer aujourd’hui que deux millions de vos concitoyens ne sont pas libres de professer, ou plutôt de célébrer un culte qui ne fait aucun tort à autrui. — Vous êtes trop sages, Messieurs, pour faire de la religion un objet d’amour-propre, et pour substituer à l’intolérance d’orgueil et de domination, qui, durant près de quinze siècles, a fait couler des torrens de sang, une intolérance de vanité ; vous ne serez pas surpris qu’il y ait des hommes qui pensent autrement que vous, qui adorent Dieu d'une autre manière que vous, et vous ne regarderez pas la diversité de pensées comme un sort qui nous est fait. Instruits par la longue et sanglante expérience des siècles, instruits par les fautes de vos pères, et par leurs malheurs mérités, vous direz sans doute : il est temps de déposer ce glaive féroce qui dégoutte encore du sang de nos concitoyens, il est temps de leur rendre des droits trop longtemps méconnus ; il est temps de briser les barrières injustes qui les séparoient de nous, et de