Page:Discours sur la liberté des opinions religieuses (Rabaut Saint-Etienne, 1789).djvu/5

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

jamais venu dans l’esprit d’aucun tyran, d’entrer dans le secret des pensées.

Mais il a ajouté qu’il y avoit le plus grand danger à ne pas surveiller les opinions manifestées, et je dis à mon tour, que cette maxime est d’un danger infini.

Les Intolérans n’ont jamais tenu d’autre langage ; c’est de cette maxime qu’ils se sont appuyés pour autoriser les persécutions. Ils disoient toujours dans leur langage doucereux et ménagé, qu’il ne faut point attaquer l’intérieur des pensées, mais qu’il faut sévir contre les opinions manifestées.

Maxime absurde, avec laquelle le Christianisme n’auroit pas pu s’établir, et nous ne serions pas Chrétiens. Maxime payenne, et dont les Chrétiens eux-mêmes n’ont que trop longtemps hérité.

Tandis qu’on a avancé, durant le cours de cette Séance, des maximes qui tendoient à conserver l’intolérance, c’est-à-dire, à la ramener parmi nous, il ne faut pas qu’il soit dit que dans une Assemblée, qui est l’élite de la Nation, ces maximes n’ayent pas été réfutées.

L’honneur que j’ai d’être Député de la Nation, et Membre de cette auguste Assemblée, me donne le droit de parler à mon tour, et de dire mon avis sur la question qui nous occupe.

Je ne cherche pas à me défendre de la défaveur