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sini, et d’après lui Bailly, ont prétendu y trouver une période luni-solaire de six cents ans qui aurait été connue des premiers patriarches[1].

Ainsi tout porte à croire que cette grande réputation des Chaldéens leur a été faite, à des époques récentes, par les indignes successeurs qui, sous le même nom, vendaient dans tout l’Empire romain des horoscopes et des prédictions, et qui, pour se procurer plus de crédit, attribuaient à leurs grossiers ancêtres l’honneur des découvertes des Grecs.

Quant aux Indiens, chacun sait que Bailly, croyant que l’époque qui sert de point de départ a quelques-unes de leurs tables astronomiques avait été effectivement observée, a voulu en tirer une preuve de la haute antiquité de la science parmi ce peuple, ou du moins chez la nation qui lui aurait légué ses connaissances, mais tout ce système si péniblement conçu tombe de lui-même, aujourd’hui qu’il est prouvé que cette époque a été adoptée après coup sur des calculs faits en rétrogradant, et dont le résultat était faux[2].

M. Bentley a reconnu que les tables de Tirvalour, sur lesquelles portait surtout l’assertion de Bailly, ont dû être calculées vers 1281 de Jésus-Christ (il y a cinq cent quarante ans), et que le Surya-Siddhanta, que les brames regardent comme leur plus ancien traité scientifique d’astronomie, et qu’ils prétendent révélé depuis plus de vingt millions d’années, ne peut avoir été composé qu’il y a environ sept cent soixante ans[3].

Des solstices, des équinoxes indiqués dans les Pouranas, et calcu-

  1. Voyez Bailly, Histoire de l’Astronomie ancienne ; et M. Delambre, dans son ouvrage sur le même sujet, tome I, page 3.
  2. Voyez Laplace, Exposé du Système du Monde, page 330 ; et le Mémoire de M. Davis, sur les calculs astronomiques des Indiens, Mém. de Calcutta, tome 11, page 225 de l’édition in-8o.
  3. Voyez les Mémoires de M. Bentley sur l’antiquité du Surya-Siddhanta, Mém. de Calcutta, tome VI, page 540 ; et sur les systèmes astronomiques des Indiens, ibid., tome VIII, page 195 de l’édition in-8o.