Page:Discours sur les révolutions de la surface du globe, et sur les changemens qu'elles ont produits dans le règne animal.djvu/125

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

siècle après Jésus-Christ[1], et que le Syncelle seul, dans le neuvième, semble citer Manéthon comme en ayant fait mention.

On prend, malgré qu’on en ait, les mêmes idées de la science astronomique des Chaldéens. Qu’un peuple qui habitait de vastes plaines, sous un ciel toujours pur, ait été porté à observer le cours des astres, même dès l’époque où il était encore nomade, et où les astres seuls pouvaient diriger ses courses pendant la nuit, c’est ce qu’il était naturel de penser ; mais depuis quand étaient-ils astronomes, et jusqu’où ont-ils poussé l’astronomie ? Voilà la question. On veut que Callisthènes ait envoyé à Aristote des observations faites par eux, et qui remonteraient à deux mille deux cents ans avant Jésus-Christ. Mais ce fait n’est rapporté que par Simplicius[2], à ce qu’il dit d’après Porphyre, et six cents ans après Aristote. Aristote lui-même n’en a rien dit ; aucun véritable astronome n’en a parlé. Ptolomée rapporte et emploie dix observations d’éclipses véritablement faites par les Chaldéens ; mais elles ne remontent qu’à Nabonassar (sept cent vingt-un ans avant Jésus-Christ) ; elles sont grossières ; le temps n’y est exprimé qu’en heures et en demi-heures, et l’ombre qu’en demi ou en quarts de diamètre. Cependant, comme elles avaient des dates certaines, les Chaldéens devaient avoir quelque connaissance de la vraie longueur de l’année et quelque moyen de mesurer le temps. Ils paraissent avoir connu la période de dix-huit ans qui ramène les éclipses de lune dans le même ordre, et que la simple inspection de leurs registres devait promptement leur donner ; mais il est constant qu’ils ne savaient ni expliquer, ni prédire les éclipses de soleil.

C’est pour n’avoir pas entendu un passage de Josèphe, que Cas-

  1. Voyez, sur la nouveauté probable de cette période, l’excellente dissertation de M. Biot, dans ses Recherches sur plusieurs points de l’astronomie égyptienne, pages 148 et suivantes.
  2. Voyez M. Delambre, Histoire de l’Astronomie, tome I, page 212. Voyez aussi son analyse de Geminus, ibid., page 211. Comparez-la avec les Mémoires de M. Ideler, sur l'Astronomie des Chaldéens, dans le quatrième tome du Ptolomée de M. Halma, page 166.