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que celui de Dendera, conséquence qui évidemment battait en ruine la supposition ; car aucun homme, un peu instruit de l’histoire des arts, ne pourra croire que deux édifices aussi ressemblans par l’architecture aient été autant séparés par le temps.

Le sentiment de cette impossibilité, uni toujours à la croyance que cette division des zodiaques indique une date, fit recourir à une autre conjecture, à celle que les constructeurs auraient voulu marquer celle des années sacrées des Egyptiens où le monument a été élevé. Ces années ne durant que trois cent soixante-cinq jours, si le soleil au commencement de Tune occupait le commencement d’une constellation, il s’en fallait de près de six heures qu’il n’y fut revenu au commencement de l’année suivante, et après cent vingt-un ans il devait ne se trouver qu’au commencement du signe précédent. Il semble assez naturel que les constructeurs d’un temple aient voulu indiquer à peu près dans quelle période de la grande année, de l’année sothiaque, il avait été élevé, et l’indication du signe par lequel commençait alors l’année sacrée en était un assez bon moyen. On comprendrait ainsi qu’il se serait écoulé de cent vingt à cent cinquante ans entre le temple d’Esné et celui de Dendera.

Mais, dans cette manière de voir, il restait à déterminer dans laquelle des grandes années ces constructions auraient en lieu : ou celle qui a fini en 138 après, ou celle qui a fini en 1322 avant Jésus-Christ, ou quelque autre.

Feu Visconti, premier auteur de cette hypothèse, prenant l’année sacrée dont le commencement répondait au signe du lion, et jugeant, d’après la ressemblance des signes, qu’ils avaient été représentés à une époque où les opinions des Grecs n’étaient pas étrangères à l’Egypte, ne pouvait choisir que la fin de la dernière grande année, ou l’espace écoulé entre l’an 12 et l’an 138 après Jésus-Christ[1] ; ce qui lui sembla s’accorder avec l’inscription grecque

    soixante-quatorze ou au moins trois mille trois cent sept ans dans la constellation de la vierge, celle de toutes qui occupe un plus grand espace dans le zodiaque, et deux mille six cent dix-sept dans celle du lion.

  1. Traduction d’Hérodote, par Larcher, t. II, p. 570.