Page:Discours sur les révolutions de la surface du globe, et sur les changemens qu'elles ont produits dans le règne animal.djvu/155

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de terrains se déposaient. Dans les autres contrées où la surface de la craie leur offrait des cavités semblables ; dans ceux même où il n’y avait point de craie, et où les terrains plus anciens s’offraient seuls pour appui, les circonstances amenèrent souvent des dépôts plus ou moins semblables aux nôtres, et recelant les mêmes corps organisés.

Nos terrains à coquilles d’eau douce des deux étages ont été vus en Angleterre, en Espagne, et jusqu’aux confins de la Pologne.

Les coquilles marines placées entre eux se sont retrouvées tout le long des Apennins.

Quelques-uns des quadrupèdes de nos plâtrières, nos palæotheriums, par exemple, ont aussi laissé de leurs os dans des terrains gypseux du Velay, et dans les carrières de pierres dites molasses du midi de la France.

Ainsi les révolutions partielles qui avaient lieu dans nos environs, entre l’époque de la craie et celle de la grande inondation, et pendant lesquelles la mer se jetait sur nos cantons ou s’en retirait, avaient lieu aussi dans une multitude d’autres contrées. C’était pour le globe une longue suite de tourmentes et de variations, probablement assez rapides, puisque les dépôts qu'elles ont laissés ne montrent nulle part beaucoup d’épaisseur ou beaucoup de solidité. La craie a été le produit d’une mer plus tranquille et moins coupée ; elle ne contient que des produits marins parmi lesquels il en est cependant quelques-uns d’animaux vertébrés bien remarquables, mais tous de la classe des reptiles et des poissons ; de grandes tortues, d’immenses lézards et autres êtres semblables.

Les terrains antérieurs à la craie, et dans les creux desquels elle est elle-même déposée, comme les terrains de nos environs le sont dans les siens, forment une grande partie de l’Allemagne et de l’Angleterre ; et les efforts qu’ont faits récemment les savans de ces deux pays, d’accord avec les nôtres, et inspirés par les mêmes données, s’unissant à ceux qu’avait précédemment tentés l’école de Werner, ne laisseront bientôt rien à désirer pour leur connaissance. MM de Humboldt et de Bonnard pour la France et l’Allemagne,