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Une quatrième et une cinquième enfin (P. pentagonus et P. trigonus) les ont à cinq et à trois arêtes[1].

Ces deux genres sont répandus partout dans le lias ; on les a découverts en Angleterre, où cette pierre est à nu sur de longues falaises : mais on les a retrouvés en France et en Allemagne.

Avec eux vivaient deux espèces de crocodiles, dont les os sont aussi déposés dans le lias, parmi des ammonites, des térébratules et d’autres coquilles de cette ancienne mer. Nous en avons des ossemens dans nos falaises de Honfleur, où se sont trouvés les débris d’après lesquels j’en ai donné les caractères[2].

Une de ces espèces, le gavial à long bec, avait le museau plus long et la tête plus étroite que le gavial ou crocodile à long bec du Gange ; le corps de ses vertèbres était convexe en avant, tandis que, dans nos crocodiles d’aujourd’hui, il l’est en arrière. On l’a retrouvée dans les lias de Franconie comme dans ceux de France.

Une seconde espèce, le gavial à bec court, avait le museau de longueur médiocre, moins effilé que le gavial du Gange, plus que nos crocodiles de Saint-Domingue. Ses vertèbres étaient légèrement concaves à leurs deux extrémités.

Mais ces crocodiles ne sont pas les seuls qu’aient recueillis les bancs de ces calcaires secondaires.

Les belles carrières d’oolithe de Caen en ont offert un très-remarquable, dont le museau, aussi long et plus pointu que celui du gavial à long bec, est suivi d’une tête plus dilatée en arrière, à fosses temporales plus larges ; c’était, par ses écailles pierreuses et creusées de fossettes rondes, le mieux cuirassé de tous les crocodiles[3]. Ses dents de la mâchoire inférieure sont alternativement plus longues et plus courtes.

Il y en a encore un autre dans l’oolithe d’Angleterre, mais que

  1. Voyez mes Recherches sur les ossemens fossiles, tome V, deuxième partie, pages 485 et 486.
  2. Ibid., pag. 143.
  3. Ibid., tome V, deuxième partie, page 127.