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l’on ne connaît que par quelques portions de son crâne, qui ne suffisent pas pour en donner une idée complète[1].

Un autre genre de reptiles bien remarquable et dont les dépouilles, déjà existantes lors de la concrétion du lias, abondent surtout dans l’oolithe et dans les sables supérieurs, c’est le megalosaurus, ainsi nommé à juste titre ; car, avec les formes des lézards, et particulièrement des monitors, dont il a aussi les dents tranchantes et dentelées, il était d’une taille si énorme qu’en lui supposant les proportions des monitors, il devait passer soixante-dix pieds de longueur : c’était un lézard grand comme une baleine[2]. M. Bukland l’a découvert en Angleterre ; mais nous en avons aussi en France, et il s’en est trouvé en Allemagne des os, sinon de la même espèce, du moins d’une espèce qu’on ne peut rapporter à un autre genre. C’est à M. de Sœmmerring qu’on en doit la première description. Il les a découverts dans les couches supérieures à l’oolithe, dans ces schistes calcaires de Franconie, depuis long-temps célèbres par les nombreux fossiles qu’ils fournissaient aux cabinets des curieux, et qui vont le devenir bien davantage par les services que rend aux arts et aux sciences leur emploi dans la lithographie.

Les crocodiles continuent à se montrer dans ces schistes, et toujours des crocodiles à long museau. M. de Sœmmerring en a décrit un (le C. Priscus), dont le squelette entier d’un petit individu est conservé presque comme il pourrait l’être dans nos cabinets[3]. C'est un de ceux qui ressemblent le plus au gavial actuel du Gange ; néanmoins la partie symphysée de sa mâchoire inférieure est moins longue ; ses dents inférieures sont alternativement et régulièrement plus longues et plus courtes ; il a dix vertèbres de plus à la queue.

Mais des animaux beaucoup plus remarquables que recèlent ces mêmes schistes, ce sont les lézards volans que j’ai nommés ptérodactyles.

  1. Nous attendons une plus ample connaissance des Recherches de M. Conybeare.
  2. Voyez mes Recherches sur les ossemens fossiles, tome V, deuxième partie, page 343.
  3. Ibid., page 120.