Page:Discours sur les révolutions de la surface du globe, et sur les changemens qu'elles ont produits dans le règne animal.djvu/174

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le genre des antracotheriums est à peu près intermédiaire entre les palæotheriums, les anoplotheriums et les cochons. Je l’ai nommé ainsi parce que deux de ses espèces ont été trouvées dans les lignites de Cadibona, près de Savone. La première approchait du rhinocéros pour la taille ; la seconde était beaucoup moindre. On en trouve aussi en Alsace et dans le Vélay. Leurs mâchelières ont des rapports avec celles des anoplotheriums ; mais ils ont des canines saillantes[1].

Le genre cheropotame vient de nos plâtrières, où il accompagne les palæotheriums et les anoplotheriums, mais où il est beaucoup plus rare. Ses molaires postérieures sont carrées en haut, rectangulaires en bas, et ont quatre fortes éminences coniques entourées d’éminences plus petites. Les antérieures sont des cônes courts, légèrement comprimées et à deux racines. Ses canines sont petites. On ne connaît pas encore ses incisives ni ses pieds. Je n’en ai qu’une espèce de la taille d’un cochon de Siam[2].

Le genre adapis n’a également qu’une espèce, au plus de la taille d’un lapin : il vient aussi de nos plâtrières, et devait tenir de près aux anoplothériums[3].

Ainsi voilà près de quarante espèces de pachydermes de genres entièrement éteints, et dans des tailles et des formes auxquelles le règne animal actuel n’offre de comparable que deux tapirs et un daman.

Ce grand nombre de pachydermes est d’autant plus remarquable, que les ruminans, aujourd’hui si nombreux dans les genres des cerfs et des gazelles, et qui arrivent à une si grande taille dans ceux des bœufs, des giraffes et des chameaux, ne se montrent presque pas dans les terrains dont nous parlons maintenant.

Je n’en ai pas vu le moindre reste dans nos plâtrières, et tout ce

  1. Voyez mes Recherches sur les ossemens fossiles, tome III, pages 398 et 404 ; tome IV, page 501, tome V, deuxième partie, page 506.
  2. Ibid., tome 111, page 260.
  3. Ibid., page 265.