Page:Discours sur les révolutions de la surface du globe, et sur les changemens qu'elles ont produits dans le règne animal.djvu/173

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est de forme oblongue, et n’annonce pas que le museau se soit terminé ni en trompe ni en boutoir.

Ce genre extraordinaire, qui ne peut se comparer à rien dans la nature vivante, se subdivise en trois sous-genres : les anoplotheriums proprement dits, dont les molaires antérieures sont encore assez épaisses, et dont les postérieures d’en bas ont leurs croissans à crête simple ; les xiphodons, dont les molaires antérieures sont minces et tranchantes, et dont les postérieures d’en bas ont vis-à-vis la concavité de chacun de leurs croissans une pointe qui prend aussi en s’usant la forme d’un croissant, en sorte qu’alors les croissans sont doubles comme dans les ruminans ; les dichobunes, dont les croissans extérieurs sont aussi pointus dans le commencement, et qui ont ainsi sur leurs arrière-molaires inférieures des pointes disposées par paires.

L’anoplotherium le plus commun dans nos plâtrières (An. commune) est un animal haut comme un sanglier, mais bien plus allongé, et portant une queue très-longue et très-grosse, en sorte qu’au total il a à peu près les proportions de la loutre, mais plus eu grand. Il est probable qu’il nageait bien et fréquentait les lacs, dans le fond desquels ses os ont été incrustés par le gypse qui s’y déposait. Nous en avons un peu plus petit, mais d’ailleurs assez semblable (An. secundarium).

Nous ne connaissons encore qu’un xiphodon, mais très-remarquable, celui que je nomme An. gracile. Il est svelte et léger comme la plus jolie gazelle.

Il y a un dichobune à peu près de la taille du lièvre, que j’appelle An. leporinum. Outre ses caractères sous-génériques il diffère des anoplothériums et des xiphodons par deux doigts petits et grêles qu’il a à chaque pied aux côtés des deux grands doigts.

Nous ne savons pas si ces doigts latéraux existent dans les deux autres dichobunes, qui sont petits et surpassent à peine le cochon d’Inde[1].

  1. Sur les anoplotheriums, voyez tout le tome III de mes Recherches, et particulièrement les pages 250 et 396.