Page:Discours sur les révolutions de la surface du globe, et sur les changemens qu'elles ont produits dans le règne animal.djvu/186

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ou panthères[1], ceux d’un loup[2], ceux d’un renard[3], ceux d’un glouton[4], ceux de belettes, de genettes et d’autres petits carnassiers[5].

On peut remarquer encore ici cet alliage singulier d’animaux dont les semblables vivent maintenant dans des climats aussi éloignés que le Cap, pays des hyènes tachetées, et la Laponie, pays des gloutons actuels : c’est ainsi que nous avons vu dans une caverne de France un rhinocéros et un renne à côté l’un de l’autre.

Les ours sont rares dans les couches meubles. On dit cependant en avoir trouvé en Autriche et en Hainaut de la grande espèce des cavernes ; et il y en a en Toscane d’une espèce particulière, remarquable par ses canines comprimées urs. cultridens[6]. Les hyènes s’y voient plus fréquemment : nous en avons, en France, trouvé avec des os d’éléphant et de rhinocéros. On a découvert depuis peu en Angleterre une caverne qui en recélait des quantités prodigieuses, où il y en avait de tout âge, dont le sol offrait même de leurs excrémens bien reconnaissables. Il paraît qu’elles y ont vécu long-temps, et que ce sont elles qui y ont entraîné les os d’éléphans, de rhinocéros, d’hippopotames, de chevaux, de bœufs, de cerfs, et de divers rongeurs qui y sont avec les leurs, et portent des marques sensibles de la dent des hyènes. Mais que devait être le sol de l’Angleterre lorsque ces énormes animaux y servaient de proie à des bêtes féroces ? Ces cavernes recèlent aussi des os de tigres, de loups, de renards ; mais ceux d’ours y sont d’une rareté excessive[7].

Quoi qu’il en soit, on voit qu’à l’époque dont nous passons en revue la population animale, la classe des carnassiers était nombreuse et puissante ; elle comptait trois ours à canines rondes, un

  1. Voyez mes Recherches sur les ossemens fossiles, tome IV, page 452.
  2. Ibid., pag. 458.
  3. Ibid., page 461.
  4. Ibid., page 475.
  5. Ibid., page 467.
  6. Ibid., pages 378 et 507 ; et tome V, deuxième partie, page 516.
  7. Voyez l’excellent ouvrage de M. Buckland, intitulé Reliquiæ diluvianœ.