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mais était un peu moindre ; ses ongles étaient plus longs et plus tranchans. On en a trouvé quelques os et des doigts entiers dans certaines cavernes de la Virginie et dans une île de la côte de la Géorgie[1].

Ces deux énormes édentés n’ont encore donné de leurs restes qu’en Amérique ; mais l'Europe en possédait un qui ne leur cédait point pour la force. On ne le connaît que par une seule phalange onguéale, mais cette phalange suffit pour nous assurer qu’il était fort semblable à un pangolin, mais à un pangolin de près de vingt-quatre pieds de longueur. Il vivait dans les mêmes cantons que les éléphans, les rhinocéros et les tapirs gigantesques ; car on en a trouvé les os avec les leurs dans une sablonnière du pays de Darmstadt, non loin du Rhin[2].

Les brèches osseuses contiennent aussi, mais très-rarement, des os de carnassiers[3] qui sont beaucoup plus nombreux dans les cavernes, c’est-à-dire dans des cavités plus larges et plus compliquées que les fentes ou filons à brèches osseuses. Le Jura en a surtout de célèbres dans sa partie qui s’étend en Allemagne, où depuis des siècles on en a enlevé et détruit des quantités incroyables, parce qu’on leur attribuait des vertus médicales particulières, et néanmoins il en reste encore de quoi étonner l’imagination ; ce sont principalement des os d’une espèce d’ours très-grande (ursus spelœus), caractérisée par un front plus bombé que celui d’aucun de nos ours vivans[4] ; avec ces os se mêlent ceux de deux autres espèces d’ours (U. arctoideus et U. priscus)[5] ; ceux d’une hyène (H. fossilis) voisine de l’hyène tachetée du Cap, mais différente par quelques détails de ses dents et des formes de sa tête[6] ; ceux de deux tigres

  1. Voyez mes Recherches sur les ossemens fossiles, tome première partie, page 160.
  2. Ibid., page 193.
  3. Ibid., tome IV, pag. 193.
  4. Ibid., page 351.
  5. Ibid., pages 356 et 357.
  6. Ibid., pages 392, et 507.