Page:Discours sur les révolutions de la surface du globe, et sur les changemens qu'elles ont produits dans le règne animal.djvu/198

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

réellement transformé lorsqu’il voulut parcourir la terre et enseigner aux hommes les sciences et les arts.

Aucun autre animal n’aurait dû être aussi facile à reconnaître que celui-là ; car il n’en est aucun autre dont les anciens nous aient laissé à la fois, comme de l’ibis, d’excellentes descriptions, des figures exactes et même coloriées, et le corps lui-même soigneusement conservé avec ses plumes, sous la triple enveloppe d’un bitume préservateur, de linges épais et bien serrés, et de vases solides et bien mastiqués.

Et cependant, de tous les auteurs modernes qui ont parlé de l’ibis, il n’y a que le seul Bruce, ce voyageur plus célèbre par son courage que par la justesse de ses notions en histoire naturelle, qui ne se soit pas mépris sur la véritable espèce de cet oiseau, et ses idées à cet égard, quelque exactes qu’elles fussent, n’ont pas même été adoptées par les naturalistes[1].

Après plusieurs changemens d’opinion touchant l’ibis, on paraissait s’accorder, au moment où j’ai publié la première édition de cet ouvrage, à donner le nom d’ibis à un oiseau originaire d’Afrique, à peu près de la taille de la cigogne, au plumage blanc, avec les pennes des ailes noires, perché sur de longues jambes rouges, armé d’un bec long, arqué, tranchant par ses bords, arrondi à sa base, échancré à sa pointe, d’un jaune pâle, et dont la face est revêtue d’une peau rouge et sans plumes, qui ne s’étend pas au-delà des yeux.

Tel est l’ibis de Perrault[2], l’ibis blanc de Brisson[3], l’ibis blanc

  1. Bruce, traduction française, in-8o., tome XIII, page 264, et atlas, planche XXXV, sous le nom d’abouhannès.
  2. Description d’un ibis blanc et de deux cigognes. Académie des sciences de Paris, tome in, planche ut, pag. 61 de l’édition in-4o. de 1734, planche XIII, figure I. Le bec est représenté tronqué par le bout ; mais c’est une faute du dessinateur.
  3. Numenius sordide albo rufescens, capite anteriore nudo rubro ; lateribus rubro purpureo et carneo colore maculatis, remigibus majoribus nigris, rectricibus sordide albo rufescentibus, rostro in exortu dilute luteo, in extremitate aurantio, pedibus griseis..... Ibis candida. Brisson, Ornithologie, tome V, page. 349.