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On voit par cette table que l’animal de Thèbes était plus grand que notre courlis ; que l’un des ibis de Saccara tenait le milieu entre celui de Thèbes et notre courlis, et que l’autre était plus petit que ce dernier. On y voit aussi que les différentes parties ; du corps de l’ibis n’observent point entre elles les mêmes proportions que celles du courlis. Le bec du premier, par exemple, est notablement plus court, quoique toutes les autres parties soient plus longues, etc.

Cependant ces différences de proportions ne vont point au-delà de ce qui peut distinguer des espèces du même genre : les formes et les caractères, que l’on peut considérer comme génériques, sont absolument les mêmes.

Il fallait donc chercher le véritable ibis, non plus parmi ces tantalus à haute taille et à bec tranchant, mais parmi les courlis ; et notez que par le nom de courlis nous entendons, non pas ce genre artificiel formé par Latham et Gmelin, de tous les échassiers à bec courbé en en bas et à tête nue, que leur bec soit arrondi ou tranchant, mais bien un genre naturel, que nous appellerons numenius, et qui comprendra tous les échassiers à becs courbés en en bas, mousses et arrondis, que leur tête soit nue ou revêtue de plumes. C’est le genre courlis tel que l’a conçu Buffon[1].

Un coup d’œil sur la collection des oiseaux du cabinet du Roi nous fit reconnaître une espèce qui n’était encore ni nommée ni décrite dans les auteurs systématiques, excepté peut-être M. Latham, et qui, examinée avec soin, se trouva satisfaire à tout ce que les anciens, les monumens et les momies nous indiquent comme caractères de l’ibis.

Nous en donnons ici la figure, planche V ; c’est un oiseau un peu plus grand que le courlis ; son bec est arqué comme celui du courlis, mais un peu plus court et sensiblement plus gros à proportion, un peu comprimé à sa base, et marqué de chaque côté d’un sillon qui, partant de la narine, règne jusqu’à l’extrémité, tandis que dans le

  1. Nous avons établi définitivement ce genre dans notre Règne animal, tome I, page 483, et il paraît avoir été adopté par les naturalistes.