Page:Discours sur les révolutions de la surface du globe, et sur les changemens qu'elles ont produits dans le règne animal.djvu/204

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courlis un sillon semblable s’efface avant d’être arrivé au milieu de la longueur ; la couleur de ce bec est plus ou moins noire ; la tête et les deux tiers supérieurs du cou sont entièrement dénués de plumes, et la peau en est noire. Le plumage du corps, des ailes et de la queue est blanc, à l’exception des bouts des grandes pennes de l’aile qui sont noirs ; les quatre dernières pennes secondaires ont les barbes singulièrement longues, ciblées, et retombent par-dessus les bouts des ailes lorsque celles-ci sont pliées ; leur couleur est un beau noir avec des reflets violets. Les pieds sont noirs, les jambes sont plus grosses et les doigts notablement plus longs à proportion que ceux du courlis ; les membranes entre les bases des doigts sont aussi plus étendues  ; la jambe est entièrement couverte de petites écailles polygones, ou ce que l’on appelle réticulées, et la base des doigts même n’a que des écailles semblables, tandis que dans le courlis les deux tiers de la jambe et toute la longueur des doigts sont scutulés, c’est-à-dire garnis d’écailles transversales. Il y a une teinte roussâtre sous l’aile, vers la racine de la cuisse, et aux grandes couvertures antérieures ; mais cette teinte paraît être un caractère individuel ou le résultat d’un accident, car elle ne reparaît point sur d’autres individus d’ailleurs entièrement semblables.

Ce premier individu venait de la collection du Stadhouder, et on ignorait son pays natal. Feu M. Desmoulins, aide-naturaliste au Muséum, qui en avait vu deux autres, assurait qu’ils venaient du Sénégal : l’un d’eux doit même avoir été rapporté par M. Geoffroy de Villeneuve ; mais nous verrons plus bas que Bruce[1] a trouvé cette espèce en Éthiopie, où elle se nomme abou hannès (père Jean), et que M. Savigny l’a vue en abondance dans la Basse-Égypte, où on l’appelle abou mengel (père de la faucille). Il est probable que les modernes ne prendront pas au pied de la lettre l’assertion des anciens, que l’ibis ne quittait jamais ce pays sans périr[2].

  1. Bruce, loc. cit. ; et Savigny, Mémoire sur l’ibis, page 12.
  2. Ælian, lib. II, cap. XXXVIII.