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sait évidemment tous les témoignages, aussi personne n’a-t-il été de son avis en ce point, excepté les apothicaires qui ont pris la cigogne pour emblème, parce qu’ils l’ont confondue avec l’ibis auquel on attribue l’invention des clystères[1].

Prosper Alpin, qui rappelle que cette invention est due à l’Ibis, ne donne aucune description de cet oiseau dans sa médecine des Egyptiens[2]. Dans son histoire naturelle d’Egypte, il n’en parle que d’après Hérodote, aux termes duquel il ajoute seulement, sans doute d’après un passage de Strabon que je rapporterai plus bas, que cet oiseau ressemble à la cigogne par la taille et par la figure. Il dit avoir appris qu’il s’en trouvait eu abondance de blancs et de noirs sur les bords du Nil ; mais il est clair, par ses expressions mêmes, qu’il ne croyait pas en avoir vu[3].

Shaw dit de l’ibis[4] qu’il est aujourd’hui excessivement rare, et qu’il n’en a jamais vu. Son emseesy ou oiseau de bœuf, que Gmelin rapporte très-mal à propos au tantalus ibis, a la grandeur du courlis, le corps blanc, le bec et les pieds rouges. Il se tient dans les prairies auprès du bétail : sa chair n’est pas de bon goût, et se corrompt d’abord[5]. Il est facile de voir que ce n’est pas là le tantalus, et encore moins l’ibis des anciens.

Hasselquist n’a connu ni l’ibis blanc, ni l’ibis noir ; son ardea ibis est un petit héron qui a le bec droit. Linné avait très-bien fait de le placer, dans sa dixième édition, parmi les hérons ; mais il a eu tort, comme je l’ai dit, de le transporter depuis comme synonyme au genre tantalus.

De Maillet (Description de l’Egypte, partie II, page 23) conjecture que l’ibis pourrait être l’oiseau particulier à l’Egypte, et qu’on y nomme chapon de Pharaon, et à Alep saphan-bacha. Il dévore

  1. Ælian., lib. II, cap. XXXV ; Plut., de solert. an. ; Cic., de nat. deor, lib. II ; Plile de anim. prop., 16, etc.
  2. De Med. Ægypt., lib. I, fol. I, vers. Édition de Paris, 1646.
  3. Rer. Ægypt., lib. IV, cap. t. I, p. 199 de l’édition de Leyde, 1735.
  4. Voyez la traduction française, tome II, page 167.
  5. Voyez Shaw, traduct. franç., tome I, page 330.