Page:Discours sur les révolutions de la surface du globe, et sur les changemens qu'elles ont produits dans le règne animal.djvu/47

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Le rhinocéros unicorne, tout éloignée qu’est sa patrie, leur était également connu. Pompée en fit voir un à Rome ; Strabon en décrivit exactement un autre à Alexandrie[1].

Le rhinocéros de Sumatra décrit par M. Bell, et celui de Java découvert et envoyé par MM. Duvaucel et Diard, ne paraissent point habiter le continent. Ainsi il n’est point étonnant que les anciens les ignorassent : d’ailleurs ils ne les auraient peut-être pas distingués.

L’hippopotame n’a pas été si bien décrit que les espèces précédentes ; mais on en trouve des figures très-exactes sur les monumens laissés par les Romains, et représentant des choses relatives à l’Egypte, telles que la statue du Nil, la mosaïque de Palestrine, et un grand nombre de médailles. En effet, les Romains en ont vu plusieurs fois ; Scaurus, Auguste, Antonin, Commode, Héliogabale, Philippe et Carin[2] leur en montrèrent.

Les deux espèces de Chameaux, celle de Bactriane et celle d’Arabie, sont déjà fort bien décrites et caractérisées par Aristote[3].

Les anciens ont connu la girafe, ou chameau-léopard ; on en a même vu une vivante à Rome, dans le cirque, sous la dictature de Jules César, l’an de Rome 708 ; il y en avait eu dix de rassemblées par Gordien m, qui furent tuées aux jeux séculaires de Philippe[4], ce qui doit étonner nos modernes qui n’en ont vu qu’une seule dans le quinzième siècle[5].

Si on lit avec attention les descriptions de l’hippopotame, données par Hérodote et par Aristote, et que l’on croit empruntées d’Hécatée de Milet, on trouvera qu’elles doivent avoir été composées avec celle de deux animaux différens, dont l’un était peut-être le véritable hippopotame, et dont l’autre était certainement le gnou (Antilope

  1. Voyez dans le tome il, première partie, le chapitre des Rhinocéros.
  2. Voyez mon chapitre de l’Hippopotame dans le tome Ier. des Recherches.
  3. Hist. anim., lib. II, cap. I.
  4. Jul. Capitol., Gord. III, cap. XXIII.
  5. Celle que le soudan d’Égypte envoya à Laurent de Médicis, et qui est peinte dans les fresques de Poggio-Cajano.