Page:Discours sur les révolutions de la surface du globe, et sur les changemens qu'elles ont produits dans le règne animal.djvu/90

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


On en aurait de non moins fortes s’il était bien certain que l'Oxus ou Sihoun, qui se jette maintenant dans le lac d’Aral, tombait autrefois dans la mer Caspienne ; mais nous avons près de nous des faits assez démonstratifs pour n’en point alléguer d’équivoques, et ne pas nous exposer à faire de l’ignorance des anciens en géographie la base de nos propositions physiques[1].

Marche des dunes.Nous avons parlé ci-dessus des dunes, ou de ces monticules de sable que la mer rejette sur les côtes basses quand son fond est sablonneux. Partout où l’industrie de l’homme n’a pas su les fixer, ces dunes avancent dans les terres aussi irrésistiblement que les alluvions des fleuves avancent dans la mer ; elles poussent devant elles des étangs formés par les eaux pluviales du terrain qu’elles bordent, et dont elles empêchent la communication avec la mer, et leur marche a dans beaucoup d’endroits une rapidité effrayante. Forêts, bâtimens, champs cultivés, elles envahissent tout. Celles du golfe de Gascogne[2] ont déjà couvert un grand nombre de villages mentionnés dans des titres du moyen âge ; et en ce moment, dans le seul département des Landes, elles en menacent dix d’une destruction inévitable. L’un de ces villages, celui de Mimisan,

    et l’Hypanis dans le Palus-Méotide ; mais Hérodote dit seulement (Melpom., LIII) que ces deux fleuves se jettent ensemble dans le même lac, c’est-à-dire dans le Liman, comme aujourd’hui. Hérodote n’y fait pas aller davantage le Gerrhus et l’Hypacyris.

  1. Par exemple, M. Dureau de Lamalle, dans sa Géographie physique de la mer Noire, cite Aristote (Meteor.,1. I, c. 13) comme « nous apprenant que de son temps il existait encore plusieurs périodes et périples anciens attestant qu’il y avait un canal conduisant « de la mer Caspienne dans le Palus Méotide. » Or, voici à quoi se réduisent les paroles d’Arisiote à l’endroit cité (édition de Duval, I, 545, B.) : « Du Paropamisus descendent, entre autres rivières, le Bactrus, le Choaspes et l’Araxe, d’où le Tanaïs, qui en est une branche, dérive dans le Palus Méotide. » Qui ne voit que ce galimatias, qui ne se fonde ni sur périples ni sur périodes, n’est que l’idée étrange des soldats d’Alexandre, qui prirent le Jaxarte ou Tanaïs de la Transoxiane pour le Don ou Tanaïs de la Scythie ? Arrien et Pline en font la distinction ; mais il paraît qu’elle n’était pas faite du temps d’Aristote. Et comment vouloir tirer des documens géologiques de pareils géographes ?
  2. Voyez le Rapport sur les Dunes du golfe de Gascogne, par M. Tassin. Mont-de-Marsan, an X.