lutte depuis vingt ans contre elles, et une dune de plus de soixante
pieds d’élévation s’en approche, pour ainsi dire, à vue d'œil.
En 1802, les étangs ont envahi cinq belles métairies dans celui
de Saint-Julien[1] ; ils ont couvert depuis long-temps une ancienne
chaussée romaine qui conduisait de Bordeaux à Bayonne, et que
l’on voyait encore il y a quarante ans quand les eaux étaient basses
[2]. L’Adour qui, à des époques connues, passait au vieux
Boucaut, et se jetait dans la mer au cap Breton, est maintenant détourné de plus de mille toises.
Feu M. Bremontier, inspecteur des ponts et chaussées, qui a fait
de grands travaux sur les dunes, estimait leur marche à soixante
pieds par an, et dans certains points à soixante-douze. Il ne leur
faudrait, selon ses calculs, que deux mille ans pour arriver à Bordeaux ; et, d’après leur étendue actuelle, il doit y en avoir un peu
plus de quatre mille qu’elles ont commencé à se former[3].
Le recouvrement des terrains cultivables de l'Égypte par les sables
stériles de la Libye qu’y jette le vent d’ouest, est un phénomène
du même genre que les dunes. Ces sables ont envahi un
nombre de villes et de villages dont les ruines paraissent encore, et
cela depuis la conquête du pays par les Mahométans, puisqu’on
voit percer au travers du sable les sommités des minarets de quelques
mosquées[4] : avec une marche si rapide, ils auraient sans
doute rempli les parties étroites de la vallée s’il y avait tant de siècles
qu’ils eussent commencé à y être jetés[5] : il ne resterait plus
rien entre la chaîne libyque et le Nil. C’est encore là un chronomètre
dont il serait aussi facile qu’intéressant d’obtenir la mesure.
Tourbières et éboulemensLes tourbières produites si généralement dans le nord de l’Eu-