historiens antérieurs qu’il a pu consulter ne datent pas d’un siècle
avant lui[1].
On peut même juger de ce qu’ils étaient par les extravagances
qui nous restent, extraites d’Aristée de Proconnèse et de quelques
autres.
Avant eux on n’avait que des poètes ; et Homère, le plus ancien
que l’on possède, Homère, le maître et le modèle éternel de tout
l’Occident, n’a précédé notre âge que de deux mille sept cents ou
deux mille huit cents ans.
Quand ces premiers historiens parlent des anciens événemens, soit
de leur nation, soit des nations voisines, ils ne citent que des traditions
orales et non des ouvrages publics. Ce n’est que long-temps
après eux que l’on a donné de prétendus extraits des annales égyptiennes,
phéniciennes et babyloniennes. Bérose n’écrivit que sous
le règne de Séleucus Nicator, Hiéronyme que sous celui d’Antiochus
Soter, et Manéthon que sous le règne de Ptolomée Philadelphe. Ils
sont tous les trois seulement du troisième siècle avant Jésus-Christ.
Que Sanchoniaton soit un auteur véritable ou supposé, on ne le
connaissait point avant que Philon de Byblos en eût publié une traduction
sous Adrien, dans le second siècle après Jésus-Christ, et
quand on l’aurait connu, l’on n’y aurait trouvé pour les premiers
temps, comme dans tous les auteurs de cette espèce, qu’une théogonie
puérile, ou une métaphysique tellement déguisée sous des
allégories, qu’elle en est méconnaissable.
Un seul peuple nous a conservé des annales écrites en prose avant
l’époque de Cyrus ; c’est le peuple Juif.
La partie de l’ancien Testament, que l’on nomme le Pentateuque, existe sous sa forme actuelle au moins depuis le schisme de Jéroboam, puisque les Samaritains la reçoivent comme les Juifs, c’est-à-dire, qu’elle a maintenant, à coup sûr, plus de deux mille huit cents ans.
- ↑ Cadmus, Phèrécyde, Aristëe de Proconnèse, Acusilaüs, Hécatée de Milet, Charon de Lampsaque, etc. Voyez Yossius, de Histor. græc., lib. I, et surtout son quatrième livre.