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Page:Docquois - Le Poème sans nom, 1919.djvu/200

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LE POÈME SANS NOM.


CLX


Nous avions, tous les deux, notre façon de vivre.
Nous pouvions, toi, la louve, et moi, le sanglier,
Obéir au désir fréquent de nous lier,
Car nous sommes, au fond, faits de la même fibre,

Et ce qui vibre en toi tout de même en moi vibre ;
Mais à ton décret seul tu voulus me plier,
Ma chère ! Or, je n’ai rien du tout du templier :
Et, tu le savais bien, je voulais rester libre.

Oui, tu le savais bien, et dès le premier jour,
Que je ne conçois pas sans liberté l’amour,
Et que, même soumis, je demeure sauvage.

J’étais, certes, joyeux de porter tes couleurs ;
Mais j’aurais préféré l’exil à mon servage,
Quand tu m’aurais tenu par des chaînes de fleurs.