Page:Documents relatifs à l’extension des limites de Paris.djvu/115

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enceinte, et que tôt ou tard, par les difficultés que créait celle situation, et d’ailleurs par la loi naturelle du progrès, elle s’assimilerait la zone intermédiaire. Il importait en effet à la sûreté publique, garantie déjà contre les agressions du dehors par le système des fortifications, il importait à la bonne administration de la capitale de l’Empire, de ne pas la laisser ainsi entourée d’un territoire fractionné, placé sous des régimes divers ; il fallait à cette grande agglomération qui, par le fait, ne formait déjà plus qu’une seule cité, une administration unique et un régime homogène. C’est ce que le bon sens avait d’abord indiqué, ce que la raison publique comprenait depuis longtemps. Cette mesure cependant devait contrarier de puissants intérêts. Le Gouvernement, qui avait eu tant de peine à obtenir du régime parlementaire la grande et salutaire mesure des fortifications, n’avait pas voulu joindre à toutes les oppositions qu’il rencontrait déjà, celles qu’auraient fait naître autour de lui les intérêts froissés. La mesure de l’annexion fut donc ajournée. Depuis, le désir de ne pas troubler les intérêts individuels ou collectifs engagés dans la question, amena de nouveaux retards. Mais enfin ce désir, dont le principe était si respectable, dut céder devant l’urgence évidente de la mesure. Les temporisations, en effet, n’avaient pas seulement pour résultat de maintenir un état de choses anormal et dangereux, elles avaient encore pour conséquence de l’aggraver chaque jour, en laissant chaque jour se créer, dans cette zone intermédiaire, des intérêts nouveaux, des industries plus nombreuses, et de les laisser s’établir confusément, sous des administrations qui ne pouvaient apporter dans leur règlement aucune vue d’ensemble, aucun plan homogène. Il fallait donc, ou renoncer complètement à l’annexion, ou se décider enfin à la réaliser.

La perfection, Messieurs, n’est pas la loi de l’humanité, et aucun progrès ne peut s’accomplir en ce monde, sans y apporter quelque trouble momentané, et sans que le bien général ne s’achète par quelques souffrances individuelles.

Toute amélioration dans la politique ou l’industrie, dans les sciences ou dans la législation, ne s’est accomplie qu’à cette condition. Il faut donc se décider à ne jamais avancer, ou il faut se décider à surmonter ces obstacles.

Le devoir d’un Gouvernement qui veut être à la fois ferme et paternel, est de marcher dans la voie du progrès, en conciliant, autant qu’on le peut faire, les nécessités qu’impose l’intérêt public avec les ménagements que réclament les intérêts privés. C’est dans ces sentiments, Messieurs, que la grande mesure de l’annexion a été examinée et discutée dans le sein de votre comité ; et le principe même de la