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Page:Documents sur Toulouse et sa région - tome 1.djvu/144

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e. cartailhac.

a enregistré ses fluctuations, l’importance inégale de ses diverses périodes et de ses concours renommés. Au dix-septième siècle, des festins plantureux, des fêtes ruineuses avaient succédé aux gracieuses réunions primitives.

En 1694, le roi, sur l’avis de Colbert et grâce à l’influence du Toulousain de Laloubère, littérateur, mathématicien, ambassadeur en lointains pays, érigea par lettres patentes en Académie des belles-lettres les Jeux floraux de Toulouse. Les statuts de 1773 sont encore, à peu de chose près, en vigueur et les mainteneurs, au nombre de quarante, ont un secrétaire perpétuel ; chaque trimestre, le modérateur (président) des assemblées est tiré au sort. Les auteurs qui plusieurs fois ont obtenu certaines fleurs de choix et ceux qui comptent parmi les illustrations nationales ou étrangères peuvent recevoir le titre de Maître ès Jeux. Les femmes peuvent prétendre aussi à cette distinction enviée. Les maîtres siègent avec les mainteneurs quand « les jeux sont ouverts ». L’Académie tient séance alors en trois bureaux, qui jugent en même temps les mêmes œuvres, et les pièces montées une fois, deux fois, trois fois, passent encore au bureau général, qui définitivement sépare les mentionnées, les imprimées, les couronnées et fixe les prix. Le 3 mai a lieu la traditionnelle Fête des fleurs dans le palais municipal, à la salle des Illustres, au milieu d’une foule immense et pompeusement parée.

L’Académie perdit tous ses biens à la Révolution et retrouva seulement plus tard quelques-uns de ses manuscrits et quelques livres. Des bienfaiteurs ont peu à peu reconstitué sa fortune, en même temps que diminuaient et disparaissaient les subventions officielles. M. Ozenne surtout mérite, à cet égard, sa gratitude et celle des Toulousains. Actuellement l’Académie dispose des prix suivants : Fleurs d’or : la violette, 750 francs (fondation de M. de Roquemaurel, capitaine de vaisseau) ; le jasmin, 750 francs (fondation de la marquise de Blocqueville, prix d’Eckmühl) ; l’immortelle d’or, 500 francs ; l’églantine, 450 francs ; l’amarante, 400 francs. D’autres en argent : le lis, en l’honneur de la Vierge ; le souci, l’œillet, la primevère.