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Page:Documents sur Toulouse et sa région - tome 1.djvu/31

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toulouse. — histoire et archéologie

Ainsi se prépare la brillante éclosion de la Renaissance. Les humanistes s’enivrent aux accents des lettres anciennes, les artistes s’inspirent aussi de l’antiquité, mais en unissant d’abord la pureté de ses lignes aux dernières élégances de l’art gothique. Si la ville latine n’avait jamais adopté franchement l’art du Nord pendant le Moyen-âge, elle semble retrouver ses origines et tressaille aux premiers souffles que lui apporte le vent des Alpes. L’avocat Béringuier Maynier construit son hôtel vers 1520 ; l’évêque Jean de Pins élève, en 1530, celui que le poète Jean Voulté comparait à l’Olympe ; en même temps, Jean de Bernuy un vrai palais : d’autres riches commerçants, devenus capitouls, s’empressent d’attester leur fortune par les fières tourelles couronnées d’élégantes balustrades, en attendant que surgisse, toujours dans le quartier du négoce, la construction surprenante et vraiment superbe du marchand Pierre d’Assézat qui prend la cour du Louvre pour modèle.

Le commerce s’était, en effet, développé davantage après les nouvelles découvertes qui venaient d’ouvrir de nouveaux mondes. L’Espagne surtout en avait profité et c’est avec l’Espagne que les marchands toulousains nouaient des relations d’affaires. Les changeurs, dont une rue garde le nom, se liraient à de fructueux trafics au centre du mouvement de transit et d’entrepôt, et les marques de l’aisance et de la richesse même dont jouissaient les habitants sont encore visibles.

Les luttes de la Réforme brisèrent cette prospérité, comme la croisade avait détruit celle du douzième siècle toulousain. La ville s’en releva péniblement. L’essor de résurrection qui caractérise la race se manifesta toutefois avec l’élan unanime du clergé, du capitoulat et du Parlement pour construire la voûte de la cathédrale incendiée le 9 décembre 1609. Il inaugura un mouvement de réformes et de fondations catholiques qui remplit la première moitié du dix-septième siècle.

Les guerres de religion se continuèrent d’ailleurs en Languedoc jusqu’en 1628. Elles laissèrent des traces profondes de division. Les désordres dans les rues, l’insécurité des personnes et des biens, les dépenses de guerre amenèrent une décadence