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la lange d’oc

partient pas au domaine purement français. Il y a une région assez vaste, comprenant en gros la vallée de la Saône, le bassin moyen du Rhône et les parlers romans de la Suisse, dont les traits dialectaux sont tels qu’elle appartient par certains côtés au domaine de la langue d’oïl et par d’autres à celui de la langue d’oc. On désigne ces divers dialectes sous le nom général de moyen-rhodanien, franco-bourguignon ou franco-provençal. Cette dernière appellation est actuellement la plus usitée.

On distingue le provençal, le français et le franco-provençal d’après le traitement de a libre latin accentué : cet a reste a en provençal (portar, talhar), il devient e en français (porter) et ie après une palatale (ancien français : taillier, cerchier, aidier) ; en franco-provençal il devient ie après palatale, comme en ancien français (taillier), mais il reste a, comme en provençal, dans les autres cas (portar)[1]. M. Suchier attribue au domaine du franco-provençal les départements de la Loire et du Rhône (sur la rive droite du Rhône), ceux de l’Ain, de l’Isère, de la Savoie et de la Haute-Savoie sur la rive gauche, plus une partie du Jura, de la Suisse romande (jusqu au delà de Neufchâtel) et le Val d’Aoste[2]. D’autres linguistes considèrent le domaine ainsi limité comme trop restreint et font remonter le franco-provençal jusqu’à Belfort et aux Vosges : mais ce n’est pas le leu de discuter ici la question.

Pour en revenir au domaine de la langue d’oc, il faut admettre que, dès les origines, des différences dialectales ont existé dans le vaste territoire qui s’étend des Alpes à l’Océan. Cependant la langue des troubadours offre une grande régularité et ces différences y sont assez peu sensibles. Sans doute, il s’agit d’une langue surtout littéraire (c’est-à-dire un peu artificielle par quelque côté) ; de plus, les différences dialectales n’étaient pas aussi grandes que dans les dialectes modernes, mais surtout les troubadours empruntèrent les principaux traits de leur langue à un des plus importants dialectes du Midi : le

  1. H. Suchier, Le français et le provençal, p. 64.
  2. Id.,  ibid.