Pendant tout ce temps-là les aiguilles à tricoter continuaient à cliqueter et la pipe à envoyer des bouffées de fumée.
Les jeunes gens ravis d’un si aimable accueil remercièrent à qui mieux mieux leur hôtesse d’un instant et se remirent en route. Ils arrivèrent bientôt en vue du château de Swanenburg au portail de pierre massive, aux deux tourelles formant poterne, chacune surmontée d’un cygne en pierre.
« Nous sommes à moitié chemin, camarades, » dit Peter, « ôtez les patins. »
« C’est que, » expliqua Lambert à son compagnon, « l’Y et le lac de Haarlem se rencontrent ici, ce qui rend le patinage presque impossible. La rivière est de cinq pieds plus élevée que le sol, et il nous a fallu construire des digues et des écluses d’une force extraordinaire pour éviter les inondations. On regarde l’installation des écluses en cet endroit comme quelque chose d’extraordinaire. Nous allons les traverser à pied, et vous en verrez suffisamment pour être surpris, je l’espère. On dit que les eaux de source du lac sont les meilleures du monde entier, à cause de leurs propriétés blanchissantes. Toutes les grandes blanchisseries de Haarlem en font usage, et la célébrité de nos toiles de Hollande vient peut-être de là. Je n’entends pas grand chose à tout cela, mais il est un autre détail que je sais par expérience : le lac est plein des plus grosses anguilles que vous ayez jamais vues. J’en ai souvent attrapé de prodigieuses, ici même. Je vous assure qu’il n’est pas facile de s’en rendre maître ; elles vous démancheraient parfaitement le poignet si vous n’y preniez garde. Mais si la question des anguilles vous intéresse médiocrement, regardez le château. Il est habité par un homme que toute la Hollande révère : le célèbre ingénieur Beyerene. Nous autres Hollandais, nous regardons nos grands ingénieurs