Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/11

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d’un paisible repos ; le digne et vieux mynheer van Stoppelnoze lui-même sommeillait encore.

De temps en temps une agile et svelte paysanne portant un panier bien équilibré sur sa tête, arrivait effleurant à peine la surface polie du canal. Un gros garçon en patins courait à son travail et échangeait avec elle, en glissant, un bonjour sympathique.

La jeune fille et le jeune garçon, son frère, les deux enfants dont nous avons parlé à la première ligne de ce récit, s’évertuaient toujours à attacher sous leurs pieds un instrument bizarre. Ce n’était certainement pas ce qu’on peut appeler des patins, mais c’était quelque chose d’informe destiné évidemment à en tenir lieu ; car à quoi pouvaient servir deux grossiers morceaux de bois dur, dont les dessous amincis en forme de lames étaient percés de trous à travers lesquels passaient des cordons de cuir destinés à les fixer autour des pieds, sinon à faire glisser tant bien que mal des pieds sur la glace ?

Ces drôles de machines avaient été fabriquées par Hans, le garçon. Leur mère n’était qu’une pauvre paysanne, trop pauvre pour songer à acheter des patins à ses enfants. Tout primitifs qu’étaient ceux-ci, ils leur avaient procuré déjà plus d’un moment heureux, et à cette heure où nos jeunes Hollandais tiraient à qui mieux mieux sur leurs cordons avec leurs doigts rouges et glacés, pour les fixer à leurs pieds, on ne pouvait cependant surprendre sur leurs figures sérieuses, penchées jusqu’à leurs genoux, aucun rêve de patins d’acier, d’un usage plus sûr et plus commode. Non, ces patins de bois leur suffisaient ; aucune vision ambitieuse ne venait troubler la satisfaction intérieure dont ils étaient remplis.

Au bout d’un instant, le jeune garçon se releva. Ses patins, à lui, étaient assujettis. Il fit le mouvement de bras d’un patineur qui prépare son élan ; et après avoir laissé