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Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/123

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elle savait ensorceler d’honnêtes jeunes gens, intelligents cependant, comme Lambert Van Mounen et Ludwig Van Holp !

Karl ressemblait trop, intérieurement, à Rychie pour l’admirer beaucoup. Il préférait, Katrinka, dont la nature était faite d’un millier de clochettes argentines. Elle avait été coquette en naissant, coquette en son enfance, et elle était coquette aujourd’hui qu’elle était une des grandes de sa pension. Sans penser un instant à mal, elle coquetait avec ses études, ses devoirs et même ses petites contrariétés. Ces dernières ne devaient pas savoir qu’elles avaient le pouvoir de l’ennuyer. Oh non ! Elle coquetait avec sa mère, avec son agneau favori, avec son frère, un baby ; elle coquetait même avec les boucles de ses cheveux dorés, les rejetant en arrière comme si elle en faisait peu de cas. On aimait sa société, mais qui aurait éprouvé pour elle une tendresse sérieuse ? Elle ne l’était jamais, sérieuse, elle-même. Une figure agréable, un cœur facile, des manières sociables, tout cela plaît une heure. Pauvre et heureuse Katrinka ! Celles qui lui ressemblent font gaiement résonner leurs clochettes au jour de la jeunesse, mais la vie ne leur rend que ce qu’elles lui donnent, et n’est que trop disposée à coqueter avec elles à son tour, et à fausser ou réduire au silence ces clochettes argentines.

Quelle énorme différence il y avait entre les jolis et somptueux appartements de ces trois jeunes filles et la hutte démantelée où demeurait Gretel ! Rychie habitait une magnifique maison près d’Amsterdam, où les buffets sculptés étaient chargés de vaisselle plate d’or et d’argent, et où des tentures de soie pendaient du plafond à terre.

Le père de Hilda était propriétaire de la maison la plus importante de Broek ; son toit étincelant de tuiles vernies,