Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/141

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

aux assiégeants qu’on lui permît du moins de se retirer avec ce qu’elle pourrait emporter sur son dos.

Considérant qu’ils n’avaient pas contre la femme, qui s’était toujours montrée humaine et charitable, les mêmes griefs que ceux qu’ils avaient contre son mari, ce qu’elle demandait lui fut accordé.

À leur grand étonnement, ils virent alors la dame descendre le grand escalier portant son mari sur ses épaules. Ce beau trait les toucha. Fidèles à leur promesse, ils laissèrent passer respectueusement l’héroïque femme avec son fardeau qu’elle put déposer sain et sauf au delà du territoire de la ville qui, heureusement pour elle, n’était pas fort étendu.

« Est-ce que vous croyez à cette histoire-là, Peter ? demanda Karl d’un ton incrédule.

— Certainement que j’y crois. Est-ce parce qu’elle fait honneur à une Hollandaise que vous refuseriez d’y croire ?

— Non certes, répondit Karl troublé de s’être attiré cette réplique, mais c’est parce qu’il n’existe pas de femme qui puisse accomplir une chose pareille. »

Le gros Jacob Poot qui, en dépit de sa nature endormie, était sentimental, avait écouté l’anecdote avec un profond intérêt.

« C’est un beau trait, dit-il, et j’y crois absolument. Quant à moi, je n’épouserai jamais qu’une femme qui serait disposée à en faire autant pour moi.

— Dieu lui vienne en aide ! s’écria Karl en se retournant pour le considérer. Comment, Poot, mais trois hommes ne vous porteraient pas !

— Peut-être bien, repartit tranquillement le brave Poot. Ce serait sans doute exiger beaucoup de la future madame Poot. Cependant je désirerais qu’elle fût tout au moins disposée à le tenter.