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Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/155

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liquide. Ces voiles étaient montées sur un cadre triangulaire garni d’une lame de fer à chaque bout. La partie large du triangle traversait la proue du bateau, et sa pointe s’étendait au delà de la poupe. Ils étaient pourvus d’un gouvernail pour les diriger, et d’une machine, d’un frein destiné à les arrêter ou à modérer leur allure. Il y en avait de toutes formes et de toutes grandeurs, depuis la barque petite et primitive, conduite par un adolescent, jusqu’à la magnifique embarcation remplie de gens courant après le plaisir et dirigée par des marins expérimentés. Ils carguaient les voiles, en fumant leurs courtes pipes, viraient de bord, gouvernaient avec solennité et précision et montraient clairement qu’ils sentaient toute l’importance de leur mission.

Quelques-uns de ces bateaux étaient dorés et peints de couleurs voyantes et portaient au haut de leurs mâts des banderoles flottantes. D’autres, blancs comme la neige, avec leurs voiles immaculées, enflées par le vent, ressemblaient à des cygnes emportés par un courant irrésistible. Ben, s’abandonnant aux fantaisies de son imagination, se figurait entendre au loin le cri de ces oiseaux. La vérité est que ces sons provenaient d’une cause plus rapprochée et moins romantique ; c’était un bateau-traîneau faisant jouer sa mécanique pour éviter une collision avec un traîneau rempli de tourbe.

Il était assez rare de voir ces bateaux sur la glace, et leur présence occasionnait généralement beaucoup d’agitation, surtout parmi les patineurs timides.

Ben, quoique ravi à leur vue, était souvent surpris par l’approche rapide de ces objets irrésistibles que leurs grandes ailes semblaient pousser aveuglément dans toutes les directions. Il lui fallait en outre toute son attention pour éviter la rencontre des passants et pour se garer des sledes improvisées par les enfants. Il s’était arrêté un instant pour