Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/165

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L’homme fit signe que oui.

« Là, fit Peter tendrement en enveloppant bien le dormeur, laissez le dormir, maintenant ; il sera vif comme un écureuil lorsqu’il se réveillera. — À combien sommes-nous de Leyde, patron ?

— Pas plus d’une couple de pipes, répondit une voix qui sortait de la fumée comme celle du Génie. Peufff ! Peufff ! Pas plus d’une et demie peut-être, Peufff ! Peufff ! Si le vent continue. Peufff ! Peufff !

— Que dit-il, Lambert ? demanda Ben, qui tenait ses mains emmitainées sur ses oreilles pour empêcher le vent de les couper en morceaux.

— Il dit que nous sommes à peu près à deux pipes de Leyde. La plupart des gens du canal mesurent les distances par le temps qu’il leur faut pour fumer une pipe.

— Voilà un drôle d’usage, dit Ben.

— J’en sais de plus drôles en Angleterre, répliqua Lambert un peu piqué, sans aller plus loin que ce qui se passe aux installations de votre lord mayor, qui est obligé de compter les clous d’un cheval pour montrer son savoir !

— Une chose digne de remarque, dit Peter, c’est qu’en fait de singularités on n’est guère choqué que de celles des autres.

— Ne nous fâchons pas pour si peu, dit Ben à Peter. Vous avez cent fois raison, mais j’aurai raison à mon tour en vous disant que cette façon de naviguer en bateau sur la glace, et d’aller ainsi aussi vite que le vent, bien qu’elle ne puisse pas être en usage en Angleterre, me paraît non pas drôle, mais splendide. »

Le bateau ailé volait littéralement. Les jeunes gens et Ben surtout ressentaient, à peu près, les sensations de Simbad le marin, traversant les nues entre les serres d’un condor, ou celles de Bellérophon galopant à travers l’espace sur Pégase. Les objets qu’ils rencontraient passaient comme