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Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/175

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s’il ne payait pas un si bon prix et s’il ne m’amenait pas autant de pratiques, j’aimerais mieux le voir au fond du Vleit que de lui donner un logement. »

M. Kleef s’aperçut sans doute qu’il s’exprimait trop ouvertement devant un étranger, ou peut-être vit-il un sourire errer sur les lèvres de Peter, car il ajouta aigrement :

« Allons, allons, qu’est-ce qu’il vous faut encore ? À souper ? Des lits ? il y a de tout cela pour tout le monde à l’hôtel de l’Aigle, Dieu merci.

— Je n’en doute pas, répondit Peter, mais pour le moment, je cherche seulement le docteur Boekman.

— Cherchez-le dans la lune ; il n’est pas à Leyde. »

Il n’était pas si facile que cela de désarçonner Peter. Ayant supporté sans s’émouvoir une bordée de paroles brutales, il finit par obtenir la permission de laisser avant tout à l’hôtel de l’Aigle un mot pour le célèbre chirurgien, ou plutôt il acheta à l’aimable hôtelier le privilège d’écrire ce mot, séance tenante, et la promesse qu’il serait remis au docteur Boekman aussitôt son arrivée à Leyde. Faute de pouvoir faire mieux, Peter et Poot quittèrent l’hôtel de l’Aigle et retournèrent en maugréant à l’auberge du Lion-Rouge.

Le salon public du rez-de-chaussée du Lion-Rouge faisait la joie et l’orgueil de l’aubergiste. Il ne disait jamais de cette pièce : « Raccommodez-la et peignez-la ! » Car, selon lui, tout y offrait l’image de la splendeur et de la propreté hollandaises. La vérité est que tout ce qu’on y pouvait distinguer à travers un nuage de fumée, était aussi propre que le savon et le sable peuvent le faire. Je ne parle pas des voyageurs : pour le moment, le nombre en est réduit à deux individus à l’air endormi, en sabots et misérablement vêtus, assis près du feu flambant ; ils fument sans mot dire leur courte pipe épaisse. Mynheer Kleef, chaussé de souliers de feutre, revêtu de culottes