Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/178

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tout en essayant de brûler. Les fenêtres avec leurs drôles de petits carreaux étaient nues et reluisantes, et le plancher ciré ressemblait à une grande feuille de papier verni jaune. Trois chaises de paille se tenant toutes raides contre le mur alternaient avec trois lits de bois qui donnaient à la chambre un air d’ambulance. Dans tout autre moment, nos jeunes gens auraient trouvé impossible de dormir par couples et dans des lits aussi étroits, mais las comme ils l’étaient, cela ne souleva chez aucun d’eux la moindre objection.

Ludwig, comme nous l’avons vu, n’avait pas entièrement perdu son élasticité ; mais les autres, après quelques essais assez faibles pour s’envoyer les traversins à la tête, s’étaient arrangés pour dormir avec la plus grande gravité. Il n’y a rien de tel que la fatigue pour donner aux écoliers l’air raisonnable.

« Bonsoir, camarades ! s’écria Peter de dessous les couvertures.

— Bonsoir, répliquèrent-ils tous, à l’exception de Jacob Poot. Il ronflait déjà, étendu auprès du capitaine.

— Dites donc, vous autres, cria Karl, au bout d’un instant, n’éternuez donc pas tant ! Voilà Ludwig qui se meurt de peur au moindre bruit.

— Ceci n’est pas vrai, dit Ludwig d’une voix étouffée. »

Suivit alors une petite discussion qui se termina par ces mots de Karl :

« Quant à moi, je ne connais pas la signification du mot peur. Vous êtes vraiment trop facile à inquiéter, Ludwig. »

Ludwig, à moitié endormi, eut la sagesse de ne pas répondre.

Il pouvait être minuit. Le feu s’était éteint et le plancher du dortoir ne s’éclairait plus que par la lumière vacillante de la lune qui semblait, à mesure qu’elle montait dans le ciel, vouloir visiter successivement chaque recoin de l’appartement.